De juin à septembre j'ai espéré et attendu qu'il revienne. On s'appelait tous les jours. Mais plus les jours passaient et plus je sentais son égoïsme prendre le dessus et je le sentais s'éloigner de plus en plus. Alors j'ai commencé à culpabiliser…Car nous, les filles, on est très fortes pour culpabiliser à tord quand on a rien à se reprocher et, souvent, ça arrange bien les garçons qui nous enfoncent un peu plus s'ils le peuvent.

Et puis, un jour de septembre, j'en ai eu marre d'attendre. C'est le jour où on est allé à pied au cinéma voir Godzilla Final Wars que j'ai pris ma décision que je savais irrévocable. C'était fini. Je n'attendrais plus…Et j'ai mis un terme à tous ça.

L'automne qui a suivi fut difficile.
J'essayais de m'accrocher désespérément comme la dernière feuille d'un arbre qui vacille sans cesse mais essaye de ne pas tomber, même quand le vent souffle en bourrasque.
Puis, ce fut la rentrée à la Fac. Il me fallait réapprendre à vivre seule, à ne compter que sur moi-même, à faire face à la réalité et à me convaincre que personne ne m'attendait plus à la maison.
Je n'ai jamais eut spécialement confiance en moi, mais là, c'était pire que tout. Après tous, j'avais été abandonnée, laissée de coté comme un chiot au bord de la route. J'avais perdu contre…contre un stage?! Comment encore croire en la sincérité des sentiments humains après ça?
Cette année scolaire, ma deuxième année de japonais, fut vraiment difficile. Je n'étais pas préparée à affronter les difficultés qui se sont dressées sur mon chemin. Ainsi, lorsque la moitié des matières que j'étudiais l'année d'avant m'a été refusée à l'inscription, je voulais tout arrêter. Lorsque j'ai eu zéro au dossier que je préparais depuis des mois, le sol s'est effondré sous mes pieds, et lorsque j'ai du gérer les états d'âmes des garçons autour de moi alors que je n'avais rien vu venir, c'était l'horreur. Marcher dans le froid, écouter des chansons mélancoliques, affronter la nuit, même si je n'étais pas particulièrement triste, tout me semblait si dur et je me sentais si faible. La pauvre petite chose dont personne ne veut… Je pleurais très souvent. J'avais l'impression d'être en sucre et que la moindre pichenette allait me briser en mille morceaux. Mais je continuais à avancer dans le froid, la nuit et les chansons tristes, car il le fallait.
Heureusement que pendant cette période j'ai eu le soutien de mon entourage, même s'ils ignoraient partiellement mon état. Ca m'a vraiment aidé et je peux maintenant les remercier pour ça.

Comment j'avais pu en arriver là?
Pourtant, il s'effaçait déjà de ma mémoire et je ne l'aimais déjà plus, mais je restais si faible, moi, la fille "garçon manqué" qui, avant, aurait shooté un grand coup de pied dans ses problèmes et tout ce serait aussitôt arrangé…
Alors, cet hiver là, j'ai fermé mon blog. Il me fallait du temps pour me retrouver, pour retrouver un minimum de confiance en moi et de force, pour devenir une autre, une fille différente, plus forte et plus féminine aussi. Sur mon blog en hiatus, j'ai collé cette image parfaite de la fille idéale que j'avais en tête à ce moment là, et dont j'étais loin, et j'ai laissé le temps faire son œuvre.
Je me suis laissé pousser les ongles et les cheveux, je devais laisser s'exprimer tout ce qu'il pouvait y avoir de féminin chez moi. Je devais laisser venir à moi ce coté de ma personnalité, m'adoucir en m'endurcissant, paradoxe salvateur.

Je ne le savais pas, mais ce fut long.

J'étais totalement vide, je sonnais creux. Je me sentais comme une fleur à qui on avait coupé la tête. Une tige qui se promène. "Ah! Tu devais être une jolie fleur, mais là, on ne peut pas savoir." C'est ce qu'aurait pu dire les gens en me voyant.

Et puis, c'est la colère qui est arrivée.
Comment j'avais pu laisser tout ça arriver? Je suis une idiote c'est ça? Je n'ai rien vu venir? Si c'est le cas, c'est bien fait, j'ai mérité tout ça! Et puis pourquoi tout ceci a t-il pris une telle importance? C'est ça ma vie?...Il n'y a rien qui compte? Comment un simple garçon sans cœur a t-il pu déclancher tout ça? Et moi…Qui je suis pour ne pas redresser la barre maintenant! Je suis débile, débile!!
Mon vide c'était rempli de colère et d'amertume.
Y'avait du mieux.
La fin de l'année 2006 fut pénible.

Puis est arrivé 2007, et à partir de février, l'année du cochon, et les choses ont commencé à s'arranger. J'ai réalisé que les rêves étaient parfois accessibles, que malgré mon manque de confiance en moi je pouvais affronter des événements qui me paraissaient insurmontables. Je suis arrivée à quelque chose. J'ai repris lentement espoir…Mais aussi un peu de combativité.

Puis il y a eut le printemps, et la colère a commencé à lentement s'écouler du vide. La coupure nette de la fleur tranchée a graduellement cicatrisé. J'avais à nouveau des envies, des coups de cœurs, des besoins de découvertes, de sensations, des choses qui refaisaient échos en moi, et c'est cet écho qui a commencé à remplir petit à petit le vide béant de mon être. Quelque chose vibrait. Etre habitée par un écho, c'était mieux que rien.
J'ai rouvert un blog, j'ai coupé mes ongles (car finalement c'était moche), j'ai rencontré des gens, réalisé des choses, pris conscience de certaines priorités, voyagé. J'ai eu le soutien de personnes qui me sont précieuses et maintenant je sais qu'elles sont toujours là, même si on se retrouve, elles ou moi, à l'autre bout du globe, ça n'a aucune importance.
A présent je sais un peu plus qui je suis, même si je dois encore m'affirmer face aux autres au lieu de m'effacer. Le bouton de fleur est bien là, prêt à éclore, même si personne ne peut deviner, pas même moi, quelle genre de fleur ça va être.

Je ne sais pas du tout où je vais, mais en tous cas je commence à savoir qui je suis.

* * *

~ Informations supplémentaires ~

C'est en prenant une photo récemment que j'ai eut l'envie/l'idée/le besoin de raconter cette histoire. Ce n'était pas prévu mais la ressemblance m'a interpellée.
► L'image que j'avais choisie à l'époque pour mon blog en hiatus, la voici :
Lune : http://www.blancfonce.com
Issue du site : http://www.blancfonce.com/

Et la photo prise récemment est celle-ci :
siro_dodo
Mon inconscient a probablement fait que la composition de cette photo et de ce dessin se ressemble autant...


► Le film de ma rupture (:p) → Godzilla Final Wars : http://www.godzilla.co.jp
Je n'ai toujours pas revu ce film...Mais j'aimerai le revoir (il est dans ma wishlist ^^;)