Quand j'avais 6 ans, je suis tombée amoureuse pour la première fois. C'était mon voisin et ami et il avait…11 ans ^^;. On passait nos journées ensemble, lui sa sœur et moi.
Puis, ma maman a eut sa mutation pour l'île de la Réunion. On a donc entamé un déménagement, et comme on ne pouvait prendre que le minimum, j'ai donné pas mal de mes jouets à mes amis. Seulement, ils ont commencé à en vouloir plus et à me faire du chantage à l'amitié. "Donne nous ça, sinon on ne sera plus tes amis!"
Au bout de plusieurs jours, et voyant pas mal de mes jouets auxquels je tenais disparaître, ma maman s'est rendu compte de l'odieux chantage et elle leur a demandé de ramener ce qu'ils m'avaient soutiré. Le lendemain, presque tout, même ce que je leur avais donné de bon cœur, était posé en tas devant la porte. Et puis, dans la voiture plus tard, leur mère m'a fait la morale : "Ce n'est pas bien ce que tu as fait…Donner c'est donner, reprendre c'est voler!"…J'en menais pas large.
Ma première histoire d'amitié et d'amour s'est finie comme ça.

Puis, je me suis retrouvée sur une île, dans l'hémisphère sud, là où l'été se passe en hiver, où la lune est inversée, où l'eau ne se vide pas dans le même sens dans le siphon de l'évier et où tous les repères changent.
Je ne connaissais personne, j'avais un an d'avance et à l'école je suis tombée sur une fille d'au moins 2 ans mon aînée qui m'a martyrisé. Je devais lui faire ses devoirs, elle me donnait des punitions à faire, le tableau à nettoyer au lieu d'aller en récrée, elle cassait mes affaires ou les volait…Elle me faisait peur.
Ma première amie, ce n'est pas moi qui l'ai choisie, mais sa mère. A la sortie de l'école, elle est allée voir ma mère à et lui a dit :"Nos deux filles sont dans la même école, elles sont blondes, elles pourraient donc être amies!" Et voilà comment je suis devenue "amie" avec une jeune blonde bourgeoise avec qui je n'avais rien en commun. Elle avait une vraie éducation bourgeoise, elle et son frère mangeaient à part des parents, elle n'avait le droit de regarder que des Disney à la télévision et elle affectionnait tout particulièrement ses Barbies. Nos jeux étaient aussi variés que, jouer à la Barbie, au Petit Poney ou le plus souvent au jeu "de la princesse" où elle faisait, bien sûr, la princesse, et où j'avais le choix entre le prince charmant ou la méchante sœur.
Un jour, on a échangé nos Petits Poneys…Le mien avait des ailes mais c'était un faux (pas la vraie marque) et le sien était moins joli et un peu vieux mais c'était un vrai. Sa mère en a fait une maladie. Et puis, notre "amitié" s'est arrêtée le jour où elle est venue dormir chez moi. En repartant je lui avais donné des vieux Pif Gadget…en venant la chercher, voyant ça, sa mère lui a retourné une paire de baffes devant moi en disant "Qu'est ce que tu fais avec ça? Rends-lui tout de suite ces torchons communistes! Tu n'as pas honte?!"…J'ai été traumatisé, surtout que je ne comprenais rien.

Puis j'ai changé d'école.
Il est difficile de se faire des amis sur cette île où, les "métros" (métropolitains) sont considérés d'entrée de jeu comme racistes, esclavagistes et autres. Du coup, aucun créole ne me voulait en amie…Du coté des "blancs" ce n'était pas mieux car je n'avais pas de maison avec piscine, j'étais trop marginale, je faisais trop "bébé", je n'étais pas fan de Patrick Bruel, ni de Rock Voisine…D'un coté on me disait "rentre dans ton pays!" (ce qui ne veut pas dire grand-chose, on est d'accord :p) de l'autre on me snobait.

Puis, j'ai eu ce que j'ai cru être ma meilleure amie. Une fille que j'admirais pas mal et avec qui je m'entendais plutôt bien. Sauf que ce n'était pas vraiment réciproque et qu'elle préférait nettement d'autres filles plus "branchées" que moi.
Un jour je l'avais invité à dormir chez–moi. Elle avait demandé à ses parents et devait venir pour le week-end (je crois). J'étais toute contente et j'attendais ce jour avec impatience!! Mais le vendredi, elle m'a dit au milieu de la récré comme si de rien n'était "Ah au fait, je ne pourrais pas venir!" et on a continué notre jeu. Je ne l'avais pas prise au sérieux…Et ensuite, le jour venu, je l'ai attendu, et attendu encore…Et là je me suis rendue compte qu'elle disait vrai et qu'elle ne viendrait sûrement pas. Je me suis sentie bête et j'ai été abattue de tristesse d'un seul coup. Ma maman, voyant ça (encore une fois ^^), a décidé d'appeler les parents de la demoiselle. Moi je ne voulais pas et je lui disais "Non, non, non!!" me voyant déjà rouge de honte, mais les mamans ça n'écoutent pas et elle m'a répondu "Ecoute, ce qu'elle a fait, ça ne se fait pas!"…Au téléphone elle a appris que mon "amie" n'avait même pas demandé à ses parents, ils n'étaient pas au courant et je me suis alors rendu compte qu'elle n'avait jamais eu l'intention de venir chez-moi.

Ensuite, pendant un court voyage en France, et alors que je me rendais compte que beaucoup de choses me manquaient en France, comme les saisons ou les cerises par exemple, pendant ce temps donc, la maison dans laquelle on habitait et que j'aimais à la Réunion a été détruite par un cyclone. J'écoutais grâce à l'écouteur du vieux téléphone de l'époque nos amis sur place nous dire "Elle est complètement détruite, vous n'avez plus rien…" Et bien, ne plus rien avoir, c'est dur à imaginer et l'apprendre par téléphone alors qu'on est à 10 000km, puis voir ensuite la tristesse et le désœuvrement de ses parents, ça fait une drôle de sensation.
Pour ceux qui ont du mal à imaginer les ravages que peut faire un cyclone, voilà une photo.
cyclone à La Réunion - 1989
On est rentré, on a sauvé ce qu'on a pu, et la vie a continué.

C'est donc sur de nouvelles bases que je suis entrée au collège. Seulement, au collège, y'avait toujours la même fille, celle que je croyais toujours être ma meilleure amie.
Au collège, en sixième, je suis tombée sous le charme d'un gars blond qui ressemblait à Zack dans Sauvés par le Gong (un grand qui était en cinquième :p). Je le trouvais vraiment trop beau. Seulement, c'est "ma meilleure amie" qui est sortie avec lui. Comme elle savait que j'étais aussi amoureuse de lui, elle le lui a dit et il est venu me voir.
Reconstitution de la scène :
Lui : "T'es amoureuse de moi il parait?"
Moi : "Heuuuu…"
Lui : "Bin pas moi…Moi je ne t'aime pas. Moi je te déteste!"
Moi : …
C'est elle qui lui avait dit de me dire ça, et après ils sont partis en rigolant. Charmant n'est ce pas?
A partir de là ça n'a plus trop été mon amie, et puis elle est repartie en France.

A vrai dire, je n'ai eu qu'une seule vraie amie pendant les 6 ans passés à la Réunion, la fille d'un couple d'amis de mes parents, qui avait 6 ans de moins que moi. Au moins on s'entendait bien, on rigolait et jouait comme des gosses et elle ne faisait pas de plans mesquins (^0^)…c'était ma petite soeur quoi.

Puis, j'ai du partir pour rentrer en France. Je suis arrivée dans un petit collège de campagne, j'avais toujours un an d'avance, j'étais perdue, plutôt rejetée car considérée comme "la nouvelle qui vient d'ailleurs", je ne comprenais rien et je ne me suis jamais vraiment adaptée. A cette époque, on m'appelait "Canal +", "Mickey" ou "Dumbo" à cause de mes oreilles décollées, et certains élèves me détestaient simplement parce que ma mère était prof dans le même collège. C'était vraiment une sale période. Je crois que j'ai toujours détesté le collège.
Heureusement, les choses ont commencé à s'améliorer au lycée et mon histoire s'arrête d'ailleurs là!

Comme quoi, une histoire triste dépend du ton sur laquelle on la raconte, mais aussi des éléments qu'on choisi de relater ;).